Restauration et rénovation de notre église (9)

Le 18 janvier 2011, il y aura 13 ans que le regretté curé-doyen Jean Heinisch nous a quittés à l'âge de 84 ans, après un ministère de dévouement de tout instant et à toutes épreuves de 54 ans dans la paroisse du Sacré-Cœur. Vers la fin de sa vie, il a publié l'une ou l'autre anecdote de sa longue vie sacerdotale que nous reprenons ici en traduction (Luxembourg-Gare, Vie religieuse, sociale et culturelle. Imprimerie Saint-Paul 1998, pp. 225 et ss)

L'HISTOIRE D'UNE CRECHE DE NOËL

La première sainte messe dans la nouvelle église de la Gare fut célébrée le jour de Noël 1932 à 11 heures par le doyen Matthias Erasmy, assisté par Léon Wildgen et Robert Claude. L'homélie fut prononcée par le professeur Léon Lommel, conseiller en art sacré lors de la construction de la nouvelle église. Il habitait chez sa soeur, Madame Schumacher-Lommel, à la rue Michel Rodange. Ce jour-là, l'église fut pleine à craquer, environ 1300 personnes du quartier de la Gare s'y étaient retrouvées.

Cependant ce même jour de Noël 1932 fut un jour de deuil pour la vieille chapelle du Rosaire ("Rousekranzkapell") à la rue Origer, anciennement rue Sigefroi. Pourquoi donc reste-t-elle vide aujourd'hui ? Mais ensuite, elle dut se réjouir énormément: on entendit les chants de Noël provenant de la nouvelle église, située entre la rue Elisabeth et la rue Dicks, puisque c'est ici que l'ancienne crèche venait de trouver dorénavant sa place.

Voici enfin la nouvelle église au boulevard de la Pétrusse, après tant de combats acharnés, après d'innombrables courriers adressés à la Commune et à l'Etat, après tant d'obstacles surmontés provenant même du côté ecclésiastique.

Enfin, tous les fidèles trouvent une place à l'intérieur du vaste édifice ; ils n'ont plus besoin de rester debout sous la pluie aux messes célébrées soit dans les petites chapelles de la rue de Strasbourg (Nilleswee), ou de la rue Ste Zithe ou de la chapelle du Rosaire. A plusieurs reprises on avait compté les personnes "debout dans la rue" pour convaincre les autorités de la nécessité de construire enfin une nouvelle église.

Pendant de longues années la crèche avait connu de nombreux moments réjouissants, mais aussi bien des moments tristes et amers.

Quelques beaux moments:

Des familles entières avec la maman, le papa, les enfants, parfois avec les grands-parents ou d'autres membres de la famille venaient rendre visite à la crèche pendant les jours de Noël. Il arrivait de temps en temps qu'un père portait, avec fierté, son enfant cadet sur le bras et formulait, du moins dans son coeur, une prière pour sa famille entière ….. Ce furent des temps heureux, car les enfants grandissaient en ayant encore une maman et un papa.

Mais également des moments tristes:

1944! Messe de Minuit dans une nuit de frayeur! L'église est pleine à craquer de soldats américains en uniforme de guerre. Tous sont munis de leurs mitraillettes chargées. La sainte messe fut célébrée par les prêtres de la paroisse du Sacré-Coeur, puisque les aumôniers militaires américains n'arrivèrent plus à franchir le front qui s'établissait durant les ténèbres de cette nuit de la Paix. La messe fut bien entendu célébrée en latin et les soldats entonnèrent les chants de Noël. Les orgues demeuraient silencieuses, les lampes à l'intérieur étaient assombries, car aucune musique, aucune lumière ne devaient être perçues à l'extérieur. Puis, à 1 heure du matin, vint l'ordre: "Au combat, l'ennemi approche".

Dehors, il neigeait et la tempête faisait rage. Le froid était insupportable.

En silence, nos amis américains quittèrent l'église. Pour l'un et l'autre d'entre eux ce fut la dernière messe de leur vie. Beaucoup moururent pendant cette nuit de Noël. Bon nombre d'entre eux sont enterrés au cimetière militaire américain de Hamm. Vous ne reposez ni à l'étranger, ni dans votre patrie! Vous êtes morts pour la liberté - nous ne vous oublions pas!

65 années se sont écoulées, bien plus d'un demi-siècle déjà! Cependant d'année en année les jeunes de la paroisse voulaient monter la vieille crèche. Au cours des années, elle s'agrandit de plus en plus, elle fut déplacée à la chapelle latérale, mais elle demeurait la crèche d'antan, avec ses personnages, ses images, ses étoiles. C'était une réelle joie de voir ces jeunes gens à l'oeuvre, dans l'église, les jours précédant Noël. Quiconque a pu observer cet engagement, peut garder confiance en l'avenir.

Toutefois, avec l'usure du temps et la fougue juvénile, l'un ou l'autre petit ange vit son aile cassée, l'un ou l'autre berger son oreille amputée, quelques moutons leurs petites jambes perdues. En fin de compte tout le monde fut convaincu, les jeunes, le clergé, les représentants de la paroisse: il fallait projeter l'acquisition d'une nouvelle crèche. Mais chaque projet prend son temps et Noël approchait. Un frère bénédictin dévoué et débrouillard de Trèves vint en aide, en dernière minute. Il s'engagea à trouver un artiste capable de créer une nouvelle crèche de bon goût pour la prochaine fête de Noël. Effectivement: les personnages principaux, prêts pour le 25 décembre, purent être accueillis. Ayant loué une camionnette assez grande, quelques jeunes gens, accompagnant Pierre Hencks, allèrent charger les nouveaux personnages au monastère St Matthias de Trèves.

Encore fallait-il le podium pour y installer la nouvelle crèche. Au grenier de l'église on trouva une vieille construction en bois, on alla chercher de grosses pierres, on garnit le sol de mousse et de quelques branches vertes, on encadra le tout de sapins, sans oublier l'illumination. En général, la crèche avec Marie, Joseph et l'enfant plut bien, mais encore fallait-il la compléter pour l'enchantement et la joie d'autres enfants et d'autres personnes, venant d'autres nations et régions du monde, qui, toutes, chantent en leurs langues les cantiques de Bethlehem. Les anges dans le ciel de Bethlehem ont disparu depuis longtemps, mais les messagers de la Bonne Nouvelle continuent à parcourir le monde.

Le 21 novembre de l'année 1996, il y eut une manifestation pour les droits de l'enfant. Mais en réalité, depuis bien longtemps déjà, le petit enfant dans la crèche a offert au monde entier la charte des enfants. Puissions-nous l'accueillir avec joie à travers le cantique de Bethlehem! (25.12.1996)

(traduction: Chr.St.)

Oeuvres de la Paroisse du Sacré-Coeur, a.s.b.l.
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Noël 2010