Restauration et rénovation de notre église (8)

Le 18 janvier 2011, il y aura 13 ans que le regretté curé-doyen Jean Heinisch nous a quittés à l'âge de 84 ans, après un ministère de dévouement de tout instant et à toutes épreuves de 54 ans dans la paroisse du Sacré-Cœur. Vers la fin de sa vie, il a publié l'une ou l'autre anecdote de sa longue vie sacerdotale que nous reprenons ici en traduction (Luxembourg-Gare, Vie religieuse, sociale et culturelle. Imprimerie Saint-Paul 1998, pp. 223 et ss)

ANNEXE À UN JOURNAL DE GUERRE

Le rédacteur en chef du "Luxemburger Wort", Jean-Baptiste (Batty) Esch, publiait chaque jour, dans les années précédant la 2ème guerre mondiale, une rubrique au "Luxemburger Wort" s'intitulant "journal de guerre (Kriegstage-Buch)".

Batty Esch et son directeur Jean Origer furent déportés à Dachau. Tous les deux sacrifièrent leur vie pour la liberté du peuple et pour la foi chrétienne. Mais ils furent prêtres "pour l'éternité selon l'ordre de Melchisédech".

Rappelons un fait remontant à l'année de guerre 1942: Un jour, il était presque minuit, un prêtre de la paroisse du Sacré-Coeur fut appelé à la rue de Strasbourg pour offrir les derniers sacrements à une malade. La personne en question logeait dans une mansarde, juste assez grande pour y placer un lit et quelques chaises. La personne mourante avait tous ses esprits et mourut le lendemain.

Vers 3 heures du matin, le prêtre quitta la maison de la malade. Quelques minutes après son départ, un policier allemand en uniforme, se joignit à lui.

Sans dire un mot, les deux se dirigèrent vers la rue Dicks, le prêtre en soutane et son compagnon allemand en uniforme SS. Le prêtre portait sur lui les saintes huiles, le SS allemand son revolver.

Soudain, l'homme SS s'adressa, en latin, au prêtre: "Haec est hora vestra et potestas tenebrarum" ("c'est maintenant votre heure, c'est le pouvoir des ténèbres" Luc 22,53).

Finalement, les deux rejoignirent la maison paroissiale à la rue Dicks. Très ému, le compagnon dit:" Je suis un confrère malheureux, priez pour moi". Puis, il se retourna et disparut dans les ténèbres. Mais dans son coeur, il entendait la même voix: "Toi aussi, tu restes prêtre pour l'éternité selon l'ordre de Melchisédech".

Le même Maître adressa cette parole à Batty Esch, à Jean Origer et à l'homme SS. Les deux premiers entrèrent dans les ténèbres de la chambre à gaz, l'homme SS dans les ténèbres en longeant l'église du Sacré-Coeur.

LA FILLE DANS LE CLOCHER

Depuis quelques jours, je remarquais une jeune fille assise dans l'église tout au long de la journée. Elle devait avoir 19 ou 20 ans. Je passais à côté d'elle sans lui adresser la parole, alors que j'étais frappé par l'expression suppliante de son regard.

Soudain, je dus interrompre le cours où j'enseignais à l'école de la rue de Strasbourg, car quelqu'un m'informa qu'une jeune personne se cachait dans le clocher de l'église et me demanda s'il fallait prévenir la police. Je répondis de ne pas appeler immédiatement la police, que je viendrais de suite sur place.

Une personne ayant assisté à la messe de 9 h15 m'accompagna au clocher et - quelle coïncidence ! - voilà que nous reconnûmes la jeune fille, que j'avais vue durant quelques jours dans l'église. Au début, elle parut très effrayée. Tout doucement, elle commença, en anglais et partiellement en un allemand médiocre, à raconter son histoire:

Elle venait de la région de Chicago. Comme elle avait passé avec succès son examen, ses parents lui avaient offert, en guise de récompense, un voyage en Europe. Mais au bout de quelques jours, elle se retrouva à court d'argent. Son vol de retour en Amérique avait été réservé seulement pour le samedi prochain. Il lui fallut, par conséquent, s'en sortir pendant toute une semaine encore sans un dollar en poche. Elle avait déjà passé quelques jours dans un parc à Bruxelles, où elle avait toutefois été menacée à plusieurs reprises.

Ainsi, elle était venue au Luxembourg, d'où devait partir de toute façon son vol de retour. Elle nous supplia: "Je vous en prie: ne téléphonez pas à mes parents, car ils se feraient trop de soucis. Si j'avais seulement une occasion pour passer la nuit jusqu'à samedi prochain, je me sentirais bien soulagée".

J'amenai donc la jeune fille au couvent St Zithe, auprès de la Mère Angelika. Cette-ci prit en charge la jeune fille jusqu'au jour de son départ et elle la conduisit elle-même au "Findel". Au début, on recevait encore quelques lettres d'elle d'Amérique, jusqu'à ce que sa trace se perdît…

(Aujourd'hui encore, en 2010, les 2 marches supérieures de l'escalier menant aux cloches, noircies par les flammes, témoignent du passage de l'Américaine)

(traduction: Chr.St.)

L'HISTOIRE DE LA STATUE DE NOTRE-DAME DE FATIMA

La statue de Notre-Dame de Fatima avait été acquise par l'abbé Schaack, curé de st Michel, à la suite de la visite de la statue pérégrine de Fatima en 1947. Elle avait été placée dans la partie inférieure de la nef latérale de l'église St Michel. Au début, beaucoup de gens venaient y prier. Chaque année, l'on faisait une procession aux flambeaux et l'on y portait la statue, tout comme on le fait à Fatima, le lieu de l'apparition au Portugal. Mais peu à peu, la vénération extérieure diminuait, et lors de la restauration de l'église, la commission ne savait pas très bien où placer adéquatement la statue.

C'est alors que le curé Roger Heintz la proposa à l'église du Sacré-Coeur, dans laquelle on célébrait depuis un certain temps le 13ème de chaque mois la "journée de Fatima".

Après réflexion, on plaça la statue dans la partie inférieure de l'église du Sacré-Coeur. Notre-Dame de Fatima accueillait beaucoup de visiteurs ; moins de luxembourgeois, il est vrai, sauf au 13ème de chaque mois. C'étaient avant tout des personnes portugaises et cap-verdiennes qui venaient prier la Vierge. Même de celles qui, d'ordinaire, ne vont ni à la messe, ni même à l'église, comme p.ex. pas mal de prostituées du quartier.

La Madonne est toujours entourée d'une mer de fleurs et de cierges, qui sont admirablement entretenus par Madame Waxweiler et par d'autres personnes.

De nombreux chapelets ont été offerts à la Vierge, plusieurs en ont été volés. Il est étonnant de voir combien de personnes se rendent après leur confession auprès de la statue pour y faire une courte prière.

Faute de prêtres la célébration du 13ème de chaque mois n'a pas pu être maintenue, sauf celles du 13 mai et du 13 octobre.

Personnellement, j'avais une relation très vive avec cette statue. Tant de misères et tant de soucis ont été déversés devant cette image! C'est devenu un lieu sacré.

Oeuvres de la Paroisse du Sacré-Coeur, a.s.b.l.
IBAN LU39 1111 0002 6066 0000

décembre 2010