En 1924, le conseil communal avait chargé l'abbé Mathias Erasmy, à ce moment curé-doyen à St Michel, d'élaborer un rapport détaillé sur la question de la nécessité et l'urgence de la construction d'une église dans le nouveau quartier de Luxembourg-Gare. Suite à ses statistiques des années 1924 (voir notre bulletin n° 4 du 25 novembre 2008), l'abbé Erasmy formule les données suivantes concernant l'année 1924 :
On a essayé de nier la nécessité d'une nouvelle église par le fait qu'il y a dans le quartier de la gare plusieurs chapelles, dans lesquelles les fidèles pourraient satisfaire à leurs besoins religieux.
Elles sont au nombre de cinq:
Pour savoir si elles pouvaient suffire aux besoins d'une population aussi nombreuse que celle du quartier de la gare, le rapporteur s`est adressé à leurs recteurs avec la prière de bien vouloir indiquer les dimensions des chapelles et le nombre des messes qui y sont dites les dimanches et jours de fête.
Les renseignements fournis sont les suivants :
Les trois dernières chapelles, accessibles au public, ont donc en tout 380 m2.
Si l'on considère que l'église de Notre- Dame, pour une population de 7000 âmes, a 820m2 et celle du Limpertsberg, pour une population de 3800 âmes 847m2 d'espace inférieur, il va sans dire que les quelques chapelles (3) aux dimensions si réduites (380 m2) sont absolument insuffisantes pour une population aussi nombreuses (7000 personnes) que celle du quartier de la gare.
Le 7 décembre 1924, 1685 personnes ont assisté à la messe dans les trois chapelles du quartier :
Le 14 décembre 1924, jour de grand froid, le nombre des assistants n'a été que de 1493 (Recensement fait par le rapporteur).
Plus d'un de nos honorables conseillers municipaux a eu l'occasion de voir, de quelle manière les fidèles sont entassés dans ces chapelles mal aérées, combien de personnes, ne trouvant plus de place à l'intérieur, sont obligées de stationner dans les rues, exposées aux chaleurs accablantes de l'été, aux pluies et froids rigoureux de la mauvaise saison. D'autre part il est notoire, que des centaines et des centaines de fidèles du quartier de la gare se rendent en ville pour assister aux offices de 9:00, 10:30 , 11:00 et 11:30 heures, parce que du côté de la gare ils n'ont pas l'occasion de remplir leurs devoirs religieux.
Même si les chapelles du quartier de la gare étaient assez spacieuses, la nécessité de construire une église paroissiale resterait existante. Car les chapelles, dont il a été question, sont toutes des propriétés privées dont l'accès peut, pour des raisons d'ordre privé, être interdit au public d'un jour à l`autre.
Deux d'entre elles, les plus fréquentées, se trouvent dans un état peu digne de leur haute destination, peu digne aussi d'une population aussi respectable que celle du quartier de la gare. Il y aura bientôt 20 ans, qu'un conseiller communal a réclamé, dans l'intérêt de l'hygiène publique et de la sécurité, leur fermeture.
En présence de toutes ces considérations, il n'est plus possible de nier la nécessité de la construction d'une église dans le quartier de la gare.
Puisque les chapelles existantes ne suffisent pas pour que tous les fidèles du quartier puissent remplir leurs devoirs religieux, ne pourrait-on pas faire une autre délimitation des paroisses avoisinantes ?
Les paroisses dont il pourrait être question, sont celles de Luxembourg - St. Michel, de Hollerich, de Bonnevoie et de Notre-Dame. Quant aux deux premières, les habitants de la gare désirent, depuis 30ans, en être détachés à cause des grandes distances, qui rendent l'assistance aux offices religieux dans leurs églises paroissiales impossible aux personnes âgées, malades, caduques, aux mères de famille chargées des devoirs multiples de leur ménage, aux ouvriers et employés des chemins de fer obligés de se rendre à leur service à heure fixe.
En 1847 et 1865 les habitants de Pfaffenthal et de Clausen ont demandé et obtenu de l'autorité supérieure, tant civile qu'écclésiastique, la séparation de leurs localités de la paroisse mère de St. Michel, en faisant valoir la grande distance de ces deux agglomérations à leur église paroissiale. Or, d'après la carte des distances il n'y a de Pfaffenthal / pont de l'Alzette / à St. Michel que 650 m, de Clausen / Parc Mansfeld / à St. Michel 1050 m. Si lors de la création des nouvelles paroisses mentionnées ci-dessus le motif de la distance a été admis par les autorités compétentes en faveur d'une population de 2000 resp. 3000 habitants, il serait équitable de témoigner la même bienveillance à la population, beaucoup plus nombreuse (7000 habitants) d'un quartier, éloigné de son centre paroissial de 1200 à 1500 m et désireux d'en être détaché.
Il ne s'agirait donc que des paroisses de Notre-Dame et de Bonnevoie, auxquelles on pourrait rattacher une partie du quartier de la gare. Mais par cette mesure la difficulté ne serait qu'agrandie, les églises de ces paroisses étant déjà trop petites pour leurs populations actuelles.
Depuis 10 ans on parle d'une église à construire à Bonnevoie - Nord pour laquelle M. Stübben, dans son plan de lotissement, a prévu l'emplacement. Pour le quartier de la route de Merl la même question se posera d'ici peu d'années.
Aujourd'hui les habitants du quartier de la gare ne vont pas à l'église où ils ont été baptisés, où ils ont fait leur première communion et il est plus que certain qu'ils ne connaissent pas et à laquelle ils ne se sentent pas attirés par toutes sortes de doux souvenirs d'enfance, surtout si la difficulté de la distance reste au moins la même.
Résumons ce qui vient d'être exposé :
il résulte que la construction d'une nouvelle église au quartier de la gare est absolument nécessaire et urgente.
Après avoir entendu la lecture du rapport de M. l'abbé Erasmy, les 4 membres présents de la commission ont, de leur côté, unanimement reconnu la nécessité et l'urgence de construction d'une église. Restait à étudier, pour une séance ultérieure, la question des dimensions et du prix de revient approximatif de l'église à construire.
Oeuvres de la Paroisse du Sacré-Coeur, a.s.b.l.
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27 juin 2009