La première pierre fut bénie par l'évêque Pierre Nommesch et posée le 6 juillet 1930.
L'église fut bénie le 24 décembre 1932 par le curé-doyen Matthias Erasmy, et la première messe y fut célébrée le même jour.
L'évêque Joseph Philippe la consacra le jeudi 30 avril 1936.
L'architecte en fut Nicolas Petit, architecte de la ville de Luxembourg (1909-1945).
Les fresques et les vitraux sont l'oeuvre du professeur Otto Linnemann de Francfort (1876-1961). Le conseiller diocésain d'art sacré était Léon Lommel (1893-1978).
Marc Gimat (1912-1969) a créé le Chemin de Croix (1961).
Dans les années 30, alors qu'on privilégiait la ligne pure, il importait de bien équilibrer les proportions et de les réaliser au plus juste. Notre église répond aux deux exigences.
L'architecture extérieure est d'une simplicité et d'une sobriété voulues. Seuls les trois portails témoignent d'une richesse ornementale surprenante.
La tour massive et monumentale, large de 12 mètres et haute de 41 mètres, rappelle l'ancienne forteresse presqu'imprenable qui se dressait au bord de la vallée de la Pétrusse. Ce qui fait du clocher l'un des signes distinctifs du quartier de la ville.
La plus grande surprise nous attend à l'intérieur. La grandeur et la monumentalité dépassent de loin ce que la simplicité extérieure permettait de découvrir.
Alors que l'aspect intérieur répondait aux critères architecturaux de l'époque, tout en respectant les canons de la tradition, il s'approche de l'idéal du style basilical du début du Moyen-Age : disposition à trois nefs avec transept et plafond plat à poutres en bois richement décoré en couleurs foncées.
La disposition basilicale permettait les avantages d'une heureuse proportion du volume intérieur, de perspectives artistiques, d'un éclairage tranquillisant et bienfaisant. La décoration intérieure relativement riche, toute en harmonie merveilleuse avec l'ensemble est le fruit d'une concertation préliminaire et de projets préétablis par l'architecte de la ville Nicolas Petit avec le professeur Otto Linnemann de Francfort et le conseiller diocésain d'art sacré, Léon Lommel.
Le plafond en poutres de bois était décisif pour la coloration de l'intérieur. En contraste avec les murs élevés de la nef principale blanchis couleur de chaux, le plafond devait rester dans les couleurs foncées: le rouge, le noir, l'or et l'argent. Les lourdes poutres transversales sont d'un noir profond, les poutres plus légères sont peintes dans un rouge vigoureux. La partie centrale du plafond, légèrement surélevée, présente des champs gris avec monogrammes argentés ; les parties latérales comportent des cassettes noires avec couronnes et trophées en or lumineux.
La perception de noble solennité donnée par l'intérieur est due en majeure partie par la magnificence du luisant coloris foncé du plafond.
Le rouge foncé du plafond est repris dans la peinture des voûtes des bas-côtés.
Afin de souligner l'impression de longueur de l'église, l'on renonça au partage du volume par un arc de triomphe, généralement apprécié du point de vue liturgique de ce temps. Le plafond en poutres de la nef principale se prolonge au-dessus du choeur et amplifie ainsi le volume en puissance extraordinaire. En même temps, le plafond ainsi prolongé dirige impérativement le regard du visiteur vers le mur du fond avec le centre artistique de l'église entière, à savoir l'image imposante du Christ, haute de 10 mètres, qui domine par sa grandeur et sa monumentalité à la fois le choeur et la nef principale.
Le Christ y est représenté en " Rex gloriae " sur un trône éternel, revêtu de la chape en pourpre royal et de l'étole sacerdotale, coiffé de la triple tiare, tenant dans sa droite le sceptre de croix, ayant le globe terrestre comme escabeau, entouré par le frémissement des ailes des chérubins qui chantent, comme en extase, le " trois fois Saint ". Le coeur rayonne sur sa poitrine comme un soleil flamboyant rouge. Il est vrai : ce n'est pas le visage tendre d'un Christ doucereux. C'est la face indiciblement sublime, anoblie par la nature divine qui surpasse toute expression humaine du Roi des rois, du Juge des vivants et des morts, du Seigneur de gloire et de majesté de la plénitude des temps.
Les deux fresques du transept témoignent d'une merveilleuse fraîcheur et s'intègrent admirablement dans l'espace :
à droite l'arbre généalogique du Christ avec les rois et les prophètes de l'Ancien Testament dominés par la rose éclose de la racine de Jessé, et l'adoration des rois mages ;
à gauche le couronnement de la Vierge entourée d'un choeur bien structuré d'anges émerveillés .
La perception du volume dépend essentiellement de l'éclairage. Le lumière est comme l'âme de l'intérieur. L'architecte d'église doit veiller d'une part à ce que l'intérieur garde cette intimité et cette tranquillité mystérieuse nécessaires à l'état de concentration priante, d'autre part à ce que l'intensité lumineuse permette tout juste de lire un livre aux caractères de grandeur normale. La lumière discrète des fenêtres du haut réalisent cet impératif de façon idéale. C'est la raison pour laquelle les fenêtres du haut de la nef principale ne sont que légèrement décorées, tandis que les vitraux des bas-côtés frappent par le charme ravissant d'un bleu apparenté au mystérieux " bleu de Chartres ".
Les vitraux représentent un cycle caractéristique du Sacré-Coeur : le Sauveur en manteau rouge symbolisant l'amour apparaît sur un fond bleu prodiguant les trésors inexprimables de son Coeur aux différents états et âges de la vie. Ces vitraux préparés et réalisés également par le professeur Linnemann constituent un trésor précieux de notre église.
C'est un fait: notre église respire l'esprit liturgique de la basilique moyenâgeuse : elle est réellement la " maison du roi, le palais du roi ". Même si la représentation du visage du Christ donne à l'un ou l'autre d'entre nous l'impression d'une sévérité distante, l'espace liturgique, en refusant toute expression doucereuse, allie de façon heureuse la noble grandeur de la basilique chrétienne des premiers siècles à une perception de style d'art sacré du siècle passé, pleinement valable de nos jours .
Un appel à la générosité de nos paroissiens et amis de l'église du Sacré-Coeur reste toujours nécessaire. Oeuvres de la Paroisse du Sacré-Coeur, a.s.b.l.
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18 août 2011